Les couleurs s’imposent avec force sur les défilés haute couture
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Giorgio Armani, maître de la couleur à Paris
Une actrice n’est pas une femme comme les autres. Une actrice nommée aux Oscars relève encore d’une caste à part. Sa tenue de cérémonie – puisque c’est bien de mode qu’il s’agit – ne peut se contenter de refléter l’air du temps ou d’afficher la griffe du moment. Plutôt prétendre à un petit bout d’éternité. Une pièce unique et sur mesure, cela va sans dire, qui exprime sa personnalité et la main d’un couturier. Aimantant les regards au premier rang du défilé Armani Privé, mardi soir au Palais de Chaillot, Isabelle Huppert et Nicole Kidman (nommées le matin même aux Academy Awards, respectivement dans la catégorie meilleure actrice pour Elle de Paul Verhoeven et meilleure actrice dans un second rôle pour Lion de Garth Davis) n’étaient pas là simplement pour faire plaisir à leur cher ami Giorgio Armani. Mais pour identifier sur le podium la robe (voire l’ensemble pantalon) qui, réinterprétée par le couturier, pourrait être la leur lors de la remise des prix, le 26 février prochain. Leurs regards professionnels semblent scanner chaque passage de cette haute couture profondément Armani : toutes petites vestes aux épaules pagode agrafées à la taille en jacquard chatoyant ou en soie imprimée de roses et de rayures aléatoires, pantalon au cordeau comme élastiqué aux chevilles, fourreaux asymétriques, longues robes de mousseline, néosari ou paréo aux broderies ethniques. Cette saison, « Orange is the new black » pour l’Italien, qui anime de ce nuancier – safran, ambre, mandarine, curry, orange brûlé… – la mousseline, le crocodile et l’organza. En contraste, le noir tranche sur un top cousu de rubans scintillants façon raphia ou un sublime pantalon droit saupoudré de paillettes, noué à la taille d’une ceinture en peau exotique brun mat. And the winner is…